Cette journée, qui accueillit 52 participants, nous conduisit à Besançon et à Nancray. Le premier arrêt fut pour la capitale comtoise et le palais Granvelle. Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550), conseiller d’Etat et garde des sceaux de Charles-Quint, se fit construire ce palais, symbole évident de sa réussite, de 1532 à 1547. Le bâtiment, illustration d’une influence italienne passée par le filtre flamand, fut vendu par les descendants de Granvelle et passa entre les mains de grandes familles comtoises puis de la ville de Besançon qui en fit l’acquisition à la fin du xixe siècle. Il abrita un musée historique jusqu’à sa rénovation récente.
La façade, de 1534, est remarquablement équilibrée avec ses chapiteaux aux fins décors, ses portraits en demi-médaillons, ses belles lucarnes cantonnant des bustes d’empereurs au-dessus de cinq travées à deux étages, avec colonnes des trois ordres, dorique, ionique et corinthien. La cour intérieure est entourée d’arcades en anse de panier soutenues par des colonnes toscanes. La tour du palais a été récemment couverte d’un toit « à l’impériale » aux tuiles vernissées. Peu d’éléments subsistent du décor intérieur d’origine : le monumental cerf de la cheminée de la salle d’honneur et les médaillons avec les bustes des empereurs romains dans la galerie du premier étage.
Le palais abrite le musée du Temps, à la présentation à la fois esthétique, didactique et très vivante qui rend hommage à la vocation horlogère de Besançon. Il présente sous tous leurs aspects les rapports de l’homme et du temps, mêlant habilement art, histoire, techniques. La grande salle du premier étage accueille la tenture de Charles-Quint, ensemble exceptionnel de sept tapisseries à la gloire de l’empereur, tissées vers 1630 par des ateliers de Bruges réputés pour la qualité de leurs couleurs. On remarque aussi l’exactitude documentaire des différents sujets, alors que les œuvres ont été réalisées près d’un siècle après les évènements qu’elles illustrent. Les autres salles sont consacrées à l’histoire de l’horlogerie du xvie au xixe siècle : pendule-horloge, balancier-spirale, mécanismes d’horloges monumentales d’églises ou d’édifices publics, matériel d’horloger et chefs-d’œuvre d’artisans, premiers modèles d’horloge à poids, cartels du xviiie siècle, montres et pendules illustrant par leur forme et leur décor l’évolution de la mode. Le deuxième étage est consacré à la mutation de l’horlogerie du xixe siècle à aujourd’hui et montre les premières horloges électriques, la « Lucie » ou « Leroy 01 », montre la plus compliquée du monde jusqu’en 1989 (975 pièces, 27 informations données, fonctions de baromètre, thermomètre, altimètre, hygromètre, boussole…), la révolution du quartz, l’horloge atomique, etc. Une salle est consacrée aux microtechniques, dont Besançon, forte de son passé horloger, s’est fait une spécialité très largement reconnue. Dans la tour du palais a été installé un pendule de Foucault, suspendu à plus de 13 m de haut et dont la boule de laiton massif pèse 17,5 kg. Son déplacement régulier prouve le mouvement de rotation de la terre sur elle-même.
Le déjeuner, pris au restaurant du plateau, à Nancray, dans un cadre rustique, fit la part belle aux spécialités locales, avec foie gras mi-cuit au caramel de savagnin, aiguillette de canard aux griottes et farandole de légumes, assiette de fromages, assiette gourmande, le tout accompagné de vin d’Arbois.
L’après-midi fut consacrée à la visite du musée des maisons comtoises situé dans la même commune. Créé en 1982 par l’abbé Garneret, ardent défenseur du patrimoine comtois, ce musée de plein air, véritable réussite muséographique, compte sur 15 ha une vingtaine de superbes maisons paysannes des xviie et xviiie siècles caractéristiques des campagnes comtoises et qui furent démontées pièce par pièce, puis rebâties à l’identique sur le site, où leur environnement fut aussi reconstitué. Ce « musée » original permet d’appréhender la diversité et la richesse de l’habitat traditionnel de Franche-Comté. Les aménagements intérieurs, les petits jardins et les animaux qui vont et viennent participent à l’authenticité et à la vie de ces éléments d’un patrimoine en train de disparaître : maison des Vosges saônoises, ferme à tuyé du haut Doubs, ferme à colombages du Sundgau, maison forestière, maison du premier plateau ou du Grandvaux, chapelle, atelier de tisserand, rûcher, maison de la Bresse. Sur un vaste terrain aux vallonnements paisibles et verdoyants, ce conservatoire unique permet une agréable et instructive promenade dans un temps de plus en plus oublié.
Après cette journée très riche, le retour vers Montbéliard se fit dans d’excellentes conditions. Nos très chaleureux remerciements vont à Denise Hugon, organisatrice fidèle, dévouée et efficace de nos sorties qui associent toujours convivialité, enrichissement culturel et bonne chère à la satisfaction de tous les participants.