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"Présence noire en Franche-Comté au XVIIIe siècle" par Elodie LAMBERT

Présence noire en Franche-Comté au XVIIIe siècle.

par : Elodie LAMBERT

 

       La séance de ce 12 février 2024 commence à 14h30 par une courte allocution du président André BOUVARD qui donne quelques brèves concernant la SEM elle-même et le patrimoine du Pays de Montbéliard.

 

     Elodie Lambert est responsable de la Maison de la Négritude, musée municipal situé à Champagney en Haute Saône. Assistante de conservation et guide conférencière, Élodie a fait ses études à l'université de Franche-Comté. Diplômée d'un Master d'histoire, civilisation et patrimoine, son travail de mémoire portait sur une habitation de canne à sucre située dans la région du Cap-Français alors colonie française de Saint-Domingue, au XVIIIème siècle. 

     En 2023, la Maison de la Négritude a proposé à ses visiteurs comme tous les ans, une exposition temporaire. Inaugurée le 10 mai, lors de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, son thème était : Présence noire en Franche-Comté au XVIIIème siècle. Jusqu’à sa clôture le 22 décembre, elle a accueilli de nombreux visiteurs venus, pour certains, spécifiquement pour elle. 

     Cette exposition enrichie par des gravures spécifiquement acquises pour celle-ci par la ville de Champagney et de matériel pédagogique avait pour objectif de répondre à une question souvent posée par les visiteurs de la Maison de la Négritude au moment de la découverte du message de fraternité des habitants de Champagney envers les esclaves des colonies : Y avait-il des Noirs en France métropolitaine et plus particulièrement à Champagney à la veille de la Révolution française? 

     Si 4 à 5000 Noirs à cette époque, libres ou esclaves, sont comptabilisés principalement dans les ports de l’Atlantique ou à Paris, grâce aux travaux d’Erick Noël, il a fallu attendre 2012 pour entendre parler de la présence de Noirs en Haute-Saône, l’un à Frasne-le-Château, libre, Pierre Gaspart et l’autre -esclave- à Jussey, Jean-Baptiste grâce à Monsieur Georges Rech qui était alors Directeur des Archives de la Haute-Saône lors d’une exposition organisée conjointement par les Archives départementales et la Maison de la Négritude dans le hall de l’hôtel du département de la Haute-Saône.

     Depuis la liste s’est considérablement enrichie grâce aux travaux universitaires comme ceux du regretté Eric Thiou qui s’est intéressé à la question au niveau de la Franche-Comté mais aussi grâce aux travaux menés par l’équipe de la Maison de la Négritude. 

     La conférence proposée par Madame Lambert permettra de dresser le portait des Noirs vivant en Franche-Comté dans ses limites actuelles entre 1740 et 1789. 

     A ce jour, douze personnes ont été recensées dans toute la Franche-Comté. Si cela est peu au regard de la population comtoise qui, à la veille de la Révolution française est estimée à 700 000, il faut noter que d’autres découvertes restent possibles et que cette liste est donc loin d’être exhaustive.

     De plus, le niveau d’information par rapport à ces personnes est extrêmement variable. Pour certaines, il y a peu d’éléments. L’exemple le plus paradoxal est sans doute celui du domestique du colonel Berdot pour lequel il existe seulement un portrait conservé au musée Beurnier-Rossel de Montbéliard. Nous ignorons tout de lui y compris son nom.

     L’étude des Noirs présents en Franche-Comté reflète des similitudes avec d’autres régions étudiées. Ainsi ce sont davantage des hommes que des femmes.
Quand ils sont esclaves, ils exercent surtout des fonctions domestiques. Quand ils sont libres, ils sont militaires ou artisans.

     Certains sont seulement de passage à l’image de Jean-Baptiste, que son maître Jean-Baptiste Fleuriot a fait baptiser à Jussey en 1743.

     D’autres s’installent plus durablement comme le timbalier de Frasne, Pierre Gaspart. C’est à ce jour le plus documenté.

     Un accent particulier sera mis sur ce timbalier vivant à Frasne-le-Château (Haute-Saône) et sur les esclaves du colonel Berdot qui, nous le verrons, ne sont pas les seuls noirs présents à Montbéliard à la veille de la Révolution Française...

Portrait du Colonel BERDOT. Tableau exposé au musée BEURNIER à Montbéliard

 

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