Une brève assemblée générale de la SEM précède la conférence...
(Texte en cours de rédaction... )
Puis la parole est donnée au conférencier :
Christophe CARD est archéologue à l'INRAP (Institut de Recherches Archéologiques Préventives)
résumé de la conférence, rédigé par Christophe CARD :
Le projet de réalisation d'une construction à usage d'habitation dans la commune de Mathay (Doubs au 7 Grande Rue, sur la parcelle AI 548p, a donné lieu à la prescription d'un diagnostic archéologique réalisé en juillet 2020. En conséquence, le service Régional de l'archéologie de Bourgogne-Franche-Comté a émis une prescription de fouille archéologique préventive sur la surface totales de la parcelle, soit 807 m2.
La première phase d'occupation semble se mettre en place à la fin du IXe siècle et perdurer durant tout le Xe siècle. Il s'agit d'un ensemble de quatre bâtiments sur poteaux plantés et de six cabanes excavées qui occupent la moitié est de la parcelle fouillée. On devine une limite nord-sud matérialisée par une pailssade et l'alignement du pignon de bâtiment 2 et des cabanes excavées 46 et 116. A l'ouest de cette limite, on ne trouve qu'une seule cabane excavée et le four à chaux découvert lors du diagnostic, situé hors emprise de fouille, mais dont la datation par radiocarbone correspond parfaitement à celles effectuées sur les structures de la première phase d'occupation. Les quatre bâtiments présentent une orientation assez similaire qui varie de 1° à 5° ouest par rapport au nord géographique. Les 6 cabanes excavées de la phase 1 présentent des morphologies différentes : deux affectent un plan carré très arrondi voire ovoïde, d'une surface équivalente '12,6 m2 pour St 46 et 11,08 m2 pour St 195) et sans trace d'aménagement interne : deux montrent un plan rectangulaire quasi identique (12,8 m2 pour St 18 et 13,7 m2 pour St19) avec la présence de poteaux corniers pour la structure 18. Le plan restitué de la structure 91 est un rectangle de 13,8 m2 et enfin la cabane excavée 116 offre un plan ovale restitué de 4,05 m2, présentant la trace de deux poteaux à chaque extrémité du grand axe. Les cabanes excavées 18 et 19 sont incluses dans un espace délimité par les bâtiments 1, 2 et la palissade, c'est pourquoi il est tentantd'y voir un ensemble cohérent. D'une manière générale, outre les éléments d'assemblages tels que les clous, les objets liés à l'artisanat composent la catégorie d'artefacts la plus abondante de la phase 1 Quelques autres objets sont en relation avec le travail des tissus (alène, broche de tisserand, dents de peigne à carder) et sont issus des cabanes excavées 195 et 19. Enfin, à cette période, la troisième catégorie d'artefacts la plus abondante rassemble les objets liés à la ferrure des équidés.
La phase 2 de l'occupation du site que l'on date des XIe / XIIe siècles correspond à un profond remaniement de l'occupation du site. En effet, la totalité des cabanes excavées de la phase 1 sont comblées de façon rapide, tous les bâtiments sur poteaux sont abandonnés. Trois nouvelles constructions apparaissent, également sur poteaux plantés (bâtiments 4, 5 et 7), d'une orientation légèrement différente, 15° ouest par rapport au nord géographique, de celle de la phase 1. Une seule cabane excavée (structure 29). peut être attribuée à cette phase. L'espace à l'est de la parcelle, qui n'était auparavant pas loti, est occupé par une construction sur poteaux (bâtiment 4) enfin, un bâtiment excavé (structure 210), de dimensions conséquentes (5,40 m par 5,30 m) est creusé à proximité immédiate du bâtiment 5. Celui-ci, d'une superficie de 65 m2, présente un plan original en "L" inversé et ramassé. Dans l'angle formé par les eux branches du L inversé du plan du bâtiment 5, prend place un bâtiment excavé de 28 m2, décaissé en partie dans le comblement de la cabane excavée 46 de la phase 1 et desservi par un escalier à l'est. Le sol du bâtiment excavé est très charbonneux (Us 198) et si nous n'avons pas retrouvé d'emplacement de foyer (mais il a pu être détruit lors de la restructuration du bâtiment dans la phase 3), cette abondance de cendres et de charbons de bois plaide pour la présence d'un foyer. Les autres aménagements relèvent de creusements divers, fosses de poteaux, fosses en cuvette qui nous renseignent peu sur les activités se déroulant dans ce bâtiment. Les objets découverts - un peigne à chanvre, des dents de peigne à carder et une fusaïole - attestent d'une probable activité liée au travail des tissus au sens large, à l'instar de celle se développant à la phase précédente. D'autres objets sont liés à la parure et au vêtement, quasiment absents jusque-là sur le site et dont la grande majorité provient de ce bâtiment excavé.
La phase 3 est caractérisée principalement par la restructuration complète du bâtiment excavé 210 et l'abandon de la cabane excavée 29. Les bâtiments 4, 5 et 7 ne semblent pas avoir subi de transformations, en tout cas perceptibles par l'archéologie. L'accès par un escalier au bâtiment excavé 210 est condamné et la cage d'escalier comblée. Ensuite, les parois en bois sur une ossature de poteaux sont démontées et des murets en blocs calcaires, non équarris liés à la terre sont construits sur tout le périmètre du creusement. Une nouvelle structure (45) forme ainsi un rectangle de 4,71 m par 4,21 m, soit une surface proche de 20 m2, plus petite de 8 m2que celle du bâtiment excavé 210 de la phase précédente. Un nouveau sol est installé, composé d'un mince niveau de limon gris contenant de nombreux charbons de bois. Il est percé de deux fosses de poteaux et d'une fosse ovale qui pourrait être un foyer, la présence dans son comblement d'un niveau de limon rubéfiéplaidant pour cette hypothèse ainsi que les très nombreux charbons de bois qui sont inclus dans le sol. L'instrumentum est composé désormais d'obets issus d'une pratique artisanale (fusaïole, dents de peigne à carder, aiguille) et en proportions nettement plus importante de ceux attribués à la parure et au vêtement (appliques vestimentaires, boucles, chapes, fibule). Notons qussi la présence de fers à chevaux qui, bien que perceptible dans la phase antérieure par la présence de clous de ferrage, atteste ici l'utilisation de l'équidé (4 exemplaires). Enfin, trois monnaires datées du premier tiers du XIIIe siècle proviennent également du niveau de sol 155. C'est l'image d'un habitat, où se mêlent activité agro-pastorales et artisanales, mis en place à la fin du IXe siècle et développé au cours du Xe siècle qui se dgage de l'analyse des données de fouilles. Que peuvent nous apporter les recherches documentaires pour appuyer cette hypothèse ? Il importe d'abord d'admettre qu'en l'état acrtuel des rexcherches , les textes des IXe - Xe siècles relatifs à la Franche-Comté sont peu nombreux et qu'aucun ne concerne Mathay sous quelque forme que ce soir. La première mention est cette de l'église citée dans les biens de l'abbaye de Baume-Lles-Dames en 1142 puis celle d'une prévôté, peut-être issue d'une potesta carolingienne en 1162. La citation de l'église premete de rapprocher l'existence d'une église à Mathay avec la présence du four à chaux découvert au diagnostic mais situé hors emprise de fouille. Celui-ci, est daté par radiocarbone entre 878 et 1013 (quasiement la même fourchette que les datations radiocarbone des autres structures de la phase 1) La présence de ce four à chaux dans un contexte alluvial ne peut s'expliquer que par la présence de matière première présenrte sur place ou disponible facilement (du calcaire issu de la récupération de bâtiments antiques du site d'Epomanduodurum) et de la construction à proximité immédiate d'un édifice nécessitant une grande quantité de chaux (maçonneries, enduits). Il est probable dans cette hypothèse que ce bâtiment soit l'église qui se trouve à une trentaine de mètres au nord du site, si bien sûr on admet (mais il n'y a jamais eu mention d'autres églises à Mathay) que l"église médiévale se situait au même emplacement que l'église actuelle. Il est donc possible que l'Abbaye de Baume-les-Dames, possessionnée à Mathay ait voulu (re)construire une église et fixer un habitat autour de celle-ci. Ce type de schéma de regroupement d'une population autour d'un édifice religieux sans doute déjà à vocation funéraire, se retrouve fréquemment à cette période. Outre une restructuration générale de l'habitat, avec un abandon quasi généralisé des cabanes excavées, un changement d'orientation des nouveaux bâtiments et une occupation de zones non loties auparavant, la phase 2 se distingue aussi par l'apparition d'éléments de parure et la disparition d'indices liés à une petite activité de forge. Si le travail des tissus, au sens large, et les activités agro-pastorales sont toujours visibles à travers les différents objets retrouvés, l'apparition d'bjets de parure, quasi absent lors de la hase précédente ainsi que le soin apporté dans la construction de l'ensemble formé par le bâtiment 5 et le bâtiment excavé 210 et, dans une moindre mesure, pour le bâtiment 4, sont peut-être les indicaes d'un changement progressif de statut du site. Un changement qui sera encore plus perceptible dans la phase 3. On perçoit l'habillage du bâtiment excavé de murets de pierre et la présence cette fois en nombre d'objets de parure, des fers à chevaux et bien sûr de monnaies, le changement de type d'occupation. D'un secteur d'habitat modeste centré sur des activités artisanales (forge, travail des tissus) et agro-pastorales, on aboutit à une zone à vocation domestique plus développée conservant une activité liée au travail des tissus. Le site semble abandonné et remplayé assez rapidement au début du XIIIe siècle. Là encore les rares sources écrites peuvent nous être d'une certaine utilité pour expliquer l'abandon du site. En effet, si une famille de Mathay est attestée dès 1148, au XIIIe siècle on mentionne pour la première fois un seigneur à Mathay. Une maison forte est également mentionnée en 1344 lors d'un siège. Il s'agit vraisemblablement de celle repérée en photographie aérienne, à une centaine de mètres à l'est de la fouille du 7 Grande Rue, par G. Chouquer en 1976-1977. Le plan a été complété par un relevé géophysique en 2011. Même si les dates ne correspondent pas réellement, on peut facilement comprendre que la maison forte assiègée au début du XIVe siècle puisse être antérieure et peut-être le siège de pouvoir du seigneur de Mathay, cité au XIIIe siècle. Il est donc tentant de voir dans l'abandon du site, un glissement de l'habitat vers une enceinte fortifiée (à l'intérieur d'une basse-cour ?) passant de l'autorité d'un prévôt dépendant de l'Abbaye de Baume les Dames à celle d'un seigneur local.
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