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XXXVIe voyage d'étude Musée de l'Impression sur Etoffes de Mulhouse - Neuf-Brisach (Fr) -

 

Voyage 2014

Comme souvent lors de notre déplacement annuel, le soleil était au rendez-vous pour une sortie qui regroupait 61 participants et devait nous conduire à Mulhouse et aux deux Brisach. Ville libre impériale en 1273, Mulhouse entra en 1354 dans la Décapole alsacienne et s’allia avec Berne et Soleure. Entourée de campagnes aux mains des Habsbourg, la ville signe un pacte avec Bâle (1506). Les relations privilégiées avec les cantons helvétiques favorisent l’introduction de la Réforme (1523) et la ville reste une enclave suisse en terre française après le traité de Westphalie (1648). En 1746, la ville devient industrielle lorsque de jeunes bourgeois (Jean-Henri Dollfus, Jean-Jacques Schmalzer, Samuel Koechlin et Jean-Jacques Feer) lancent l’indiennage, c’est-à-dire l’impression de cotonnades à la planche. L’industrie textile (tissage, filature) connaît alors un essor spectaculaire et les « pères fondateurs » sont à l’origine de la société D.M.C (Dollfus Mieg et Cie) en 1800. Lors de la Révolution française, le blocus économique conduisit les Mulhousiens à s’unir à la France (1798). À partir du textile, la « ville aux cent cheminées », tout en gardant sa prééminence textile, se diversifia vers la chimie et les industries mécaniques.

La visite du musée de l’Impression sur étoffes, sous la responsabilité de guides remarquables, à la fois sympathiques, compétents et passionnés, permit de faire revivre de belle manière cette page éclatante de l’industrie textile mulhousienne. Situé au cœur de la ville le musée occupe un bâtiment de 1880 ayant appartenu à la SIM (Société industrielle de Mulhouse), fondée en 1825 et qui s’était donné pour objet « l’’avancement et la propagation de l’industrie ». Animatrice dans les domaines industriel et artistique avec la création d’écoles techniques et l’ouverture de musées. Elle a doté la ville d’un musée du dessin industriel (ancêtre du musée de l’Impression sur étoffes), puis d’un muséum d’histoire naturelle, d’un zoo et du musée des beaux-arts.

On découvre dans ce musée de l’Impression sur étoffes comment Mulhouse s’est ouvert à l’impression textile, comment celle-ci s’y est développée, entraînant à sa suite la croissance de la ville et comment l’évolution des techniques a pu servir la créativité des dessinateurs. Du blanchiment des toiles jusqu’à leur amidonnage et lustrage, teinture par les couleurs naturelles telles que l’indigo ou la garance, savoir-faire des dessinateurs et des graveurs, tout est habilement présenté et mis en valeur, les chefs-d’œuvre les plus rares (indiennes du xviiie siècle aux somptueux motifs floraux imitant ceux de la Perse ou de l’Inde) côtoyant des objets plus familiers. Les collections textiles, uniques au monde, regroupant six millions de motifs et 50 000 documents textiles, un service de documentation d’une infinie richesse (6 000 volumes d’échantillons), la conservation de grandes machines à rouleaux, la variété des tissus exposés font de ce musée un lieu de découverte et de rêve exceptionnel.

Le déjeuner fut pris dans le cadre agréable du restaurant Groff « Aux deux clefs », à Biesheim (68). Le menu comprenait verrine de mousse d’avocats, gelée de pamplemousse et crevettes marinées, baeckhoffa aux trois viandes, salade verte, baba au rhum, le tout arrosé de vin d’Alsace et d’un café. Mis en joie par ces solides agapes, et respectant cependant les consignes horaires fixées, les participants étaient prêts à supporter un après-midi très chargé mais passionnant qui nous conduisit d’abord à Breisach-am-Rhein (Allemagne).

Située sur la rive droite du Rhin, Breisach est un ancien établissement celtique qui devint Mons Brisiacus à l’époque romaine, appartint ensuite aux Alamans et fut gouverné au xiie siècle conjointement par les empereurs et les évêques de Bâle avant de devenir ville impériale en 1275. Durant les guerres du xviie et du xviiie siècle, Breisach fut la plus puissante forteresse du haut Rhin (« la clé de l’Allemagne ») : prise en 1638 pour la France par Bernard de Saxe-Weimar, elle fut reprise par les Impériaux en 1641, avant d’être annexée à la France de 1677 à 1697, Vauban appréciant à sa juste valeur ce puissant site fortifié. Le traité de Ryswick (1697), mettant fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, replaçait la ville dans le giron de l’Empire. En 1703, Breisach revint à la France jusqu’en 1713 où elle redevint propriété des Habsbourg. Pour éliminer un sujet de conflit entre l’Empire et le France l’impératrice Marie-Thérèse fit démanteler la forteresse en 1743, ce qui lui assura une vie paisible jusqu’en 1793 lorsque la majeure partie de la ville fut réduite en cendres par les Français. Breisach fut attribuée au Pays de Bade en 1806 et subit de terribles destructions durant la Seconde Guerre mondiale. La visite guidée de la cité nous permit de parcourir les quartiers historiques, magnifiquement restaurés, et de voir la belle collégiale dont la nef, le transept et les deux tours sont romanes, tandis que  le chœur est gothique. Celui-ci abrite un retable sculpté (1526) au décor extraordinairement fouillé. Dans la première travée ouest, les peintures murales du Jugement dernier (fin du xve siècle) sont dues au Colmarien Martin Schongauer. De la place de la collégiale, la vue porte sur les sommets de la Forêt-Noire du sud, les hauteurs du Sundgau, les Vosges du Grand Ballon et du Kaiserstuhl tout proche.

Devant la porte du Rhin à Vieux-Breisach
(Breisach-am-Rhein)

Nous terminons notre excursion en face, sur la rive gauche du Rhin, à Neuf-Brisach. Après la perte de Breisach (Vieux-Brisach) en 1697, Louis XIV ordonna à Vauban de construire très vite une place forte pour compenser cette perte et empêcher le passage du Rhin à cet endroit : la nouvelle forteresse reçut tout naturellement le nom de Neuf-Brisach. Vauban peut créer une place forte ex nihilo sur des terrains vierges sans avoir de contraintes préexistantes ou de relief. La construction commence en 1698. La ville possède un plan octogonal et ses ouvrages fortifiés lui confèrent une forme en étoile à 16 branches. Quatre portes permettent d’accéder dans la ville : les portes de Colmar, Strasbourg, Belfort et Bâle. À l’intérieur, les murs ont 4 mètres d’épaisseur et les rues ont été tracées au cordeau : elles encadrent 48 îlots de 10 maisons et se rejoignent sur un carré central : la place d’Armes. Mais il fallait peupler cette ville car au début personne ne voulait s’y installer : on brûla un village voisin et on installa ses habitants dans la cité, on soudoya des Parisiens et enfin on fit venir des militaires...

Maquette de Neuf-Brisach au musée Vauban

Neuf-Brisach est l’exemple remarquable d’une ville nouvelle au xviie siècle, avec son plan en damier, ainsi que la réalisation la plus aboutie de Vauban : son système est remarquablement perfectionné avec tenailles, demi-lunes, tours bastionnées. C’est la dernière place forte créée par Vauban et un chef-d’œuvre de l’architecture militaire : depuis le 7 juillet 2008, elle fait partie des 12 sites Vauban inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Un guide passionnant autant que passionné nous fit faire une promenade très complète après nous avoir fait visiter le petit musée Vauban se trouvant porte de Belfort.

 

Après cette journée très enrichissante, aux multiples aspects, le retour se fit rapidement. Nos remerciements très chaleureux vont à Denise Hugon, notre fidèle et efficace responsable des sorties qui organise avec toujours autant de rigueur et de passion nos journées d’études toujours si appréciées car elles associent avec bonheur découverte culturelle, convivialité et bonne chère.

 

Légende

- Démonstration au musée de l’Impression sur étoffes de Mulhouse.
- Devant la porte du Rhin à Vieux-Brisach (Breisach-am-Rhein)
- Maquette de Neuf-Brisach au musée Vauban

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